Le Timide au grand talent.

Tom Hanks

Abonné aux rôles cultes dans les années 90, Tom Hanks a souvent été comparé à l’immense James Stewart depuis ses débuts. Le comédien s’est inscrit dans la durée et fait, comme son illustre aîné, partie des meilleurs acteurs de sa génération, voire même de toutes les générations confondues. Il est également l’un des plus populaires et les plus récompensés.

Grâce à son talent et à l’implication qu’il met dans chacune de ses performances, Tom Hanks ne laisse personne indiffèrent. Lorsque son nom apparaît à l’affiche d’un film, le succès est presque toujours garanti tant son aura est importante auprès du grand public. Sa présence dans un casting est une plus-value pour n’importe quel réalisateur. La justesse et l’intransigeance qui le caractérise lui ont notamment permis de décrocher deux Oscars du meilleur acteur consécutif en 1993 et en 1994, exploit qui n’avait été réalisé qu’une seule fois avant lui.

Pour toutes ces raisons, l’acteur apparu récemment dans « The Post » méritait bien un portrait de notre part.

photo by Austin Hargrave/Sony

Petite bio :

Thomas Jeffrey Hanks voit le jour à Concord en Californie le 9 juillet 1956, issu d’une famille de la classe moyenne, il est le fils de Janet Marilyn Frager, employée d’hôpital d’origine portugaise et d’Amos Mefford Hanks, un cuisinier itinérant. Après la séparation de ses parents, il suit son père avec son frère et sa sœur, tandis que son plus jeune frère reste auprès de leur mère.

Au gré des différents contrats de son père, son enfance est rythmée par de nombreux déménagements avec les changements d’écoles qui vont avec, ce qui ne lui laisse pas le temps de se faire des amis et développe en lui une grande timidité.

La famille finit par s’installer à Oakland où il intègre la Skyline High School. À l’adolescence, il pratique de nombreux sports au sein de cette école et y remporte pas mal de trophées, il s’illustre également dans ses cours d’art dramatique dans lesquels son professeur l’encourage à persévérer. Au fil de sa scolarité, il finit par se désintéresser du sport malgré des facultés certaines et choisit de se produire dans diverses pièces de théâtre, ce qui lui vaudra le prix d’interprétation de son école en 1974.

Après le lycée, il retourne auprès de sa mère, installée à Sacramento et intègre l’université    locale en arts dramatiques. Son parcours va se révéler frustrant dans un premier temps, ses nombreuses tentatives pour figurer dans les productions théâtrales de son université étant vaine. Frustré par le manque de considération dont il fait l’objet, il décide d’auditionner dans une pièce de théâtre locale : « La Cerisaie » de Tchekov et décroche un rôle. 

Impressionné par sa performance, le metteur en scène, Vincent Downing, qui deviendra son mentor par la suite, l’invite à un festival de théâtre à Cleveland. Afin de se consacrer pleinement à sa carrière naissante d’acteur, il prend la décision d’abandonner ses études. Durant trois ans, il va s’impliquer dans l’organisation du festival tout en continuant d’impressionner sur scène, remportant notamment un prix d’interprétation pour son rôle de Proteus dans « Les Deux Gentilshommes de Vérone » de Shakespeare.

Après la naissance de son premier enfant en 1977 et son mariage avec Samantha Lewes l’année suivante, il part s’installer à New York pour se rapprocher de Broadway, le centre de l’activité théâtrale aux États-Unis. Mais l’expérience tourne court et face aux difficultés du couple à trouver du travail, il est contraint de revenir à Cleveland pendant l’été 1979 pour jouer une nouvelle pièce. Son metteur en scène Dowling l’apprécie énormément pour ses interprétations, à la fois très réalistes et comiques, celui-ci l’aide à trouver un agent pour prendre en charge sa carrière. C’est ainsi qu’il décroche un premier rôle au cinéma dans le film d’horreur « Noces sanglantes », réalisé par Armand Mastroianni

Au début des années 80, il enchaîne les rôles à la télévision dans plusieurs sitcoms de la chaîne ABC. Cette période le voit faire une rencontre déterminante en la personne de Ron Howard, réalisateur débutant sur le tournage de la série « Happy Days ». Étant à la recherche d’acteurs pour son nouveau film « Splash », il l’auditionne Hanks pour un second rôle mais lui propose finalement la tête d’affiche tant la prestation de l’acteur le séduit. Le succès du film lui permet d’accéder à la notoriété et d’enchaîner les rôles dans des succès commerciaux qui consolident son statut d’étoile montante à Hollywood (« Le Palace en délire », « Une baraque à tout casser » et « Rien en commun »). 

Mais c’est son rôle d’enfant se réveillant un jour dans le corps d’un adulte dans « Big », sorti en 1988, qui lance définitivement sa carrière d’acteur sur les bons rails. Une carrière qui le verra tutoyer les sommets aux côtés des plus grands noms du cinéma mondial avec des rôles inoubliables.

Photo by John Barr/Liaison

TOP 10 de la rédaction :

10. « Arrête-moi si tu peux » (2002) de Steven Spielberg :

Pour sa seconde collaboration avec le maître Spielberg, la prestation de Tom Hanks suscite de nouveau l’admiration dans ce jeu du chat et de la souris mis en place par le réalisateur. Il y incarne l’agent du FBI Carl Hanratty dans sa traque sans relâche de l’escroc Frank Abagnale Jr. auquel Leonardo DiCaprio prête ses traits. Malgré quelques imperfections, « Arrête-moi si tu peux » n’en reste pas moins un excellent divertissement porté par un ce duo d’acteurs inoubliable qu’il forme avec l’acteur du « Loup de Wall Street ». 

© 2002 - Dreamworks LLC

9. « Apollo 13 » (1995) de Ron Howard :

Presque dix ans après son premier succès avec « Splash », Tom Hanks collabore à nouveau avec Ron Howard dans cette adaptation du livre « Lost Moon: The Perilous Voyage of Apollo 13 » qui décrit la mission lunaire Apollo 13 et la catastrophe évitée de peu par l’équipage. Rendue célèbre grâce à la fameuse phrase « Houston nous avons un problème », cette expédition fut menée par le commandant James « Jim » Lovell (également auteur du livre) à qui Tom Hanks rend honneur dans une interprétation emplie d’humilité mais ô combien efficace dans un huis-clos angoissant aux effets spéciaux d’une sobriété exemplaire.

© 1995 Universal Pictures

8. « Capitaine Phillips » (2013) de Paul Greengrass :

Tourné de façon quasi documentaire, « Capitaine Philips » relate l’histoire vraie de la prise d’otages du navire de marine marchande américain Maersk Alabama, menée en 2009 par des pirates somaliens. La relation qui s’instaure entre le capitaine Richard Phillips, commandant du bateau, et Muse, le chef des pirates somaliens qui le prend en otage, est au cœur du récit. Comme à son habitude, Tom Hanks fait le job et offre à son personnage, des ressources d’héroïsme stupéfiante malgré son apparente banalité.

Photo by Jasin Boland - © 2013 Columbia Pictures Industries

7. « Big » (1988) de Penny Marshall :

Quel enfant n’a jamais rêvé d’être grand ? Voici le postulat de départ de « Big », film qui révéla définitivement Tom Hanks auprès du grand public. L’acteur y incarne le jeune Josh Baskin qui se retrouve du jour au lendemain dans le corps d’un adulte et livre une performance puissante, nous donnant réellement l’impression que sous cette enveloppe de grande personne, se cache un petit garçon.

Véritable conte de fée des temps modernes, « Big » délivre un message pertinent sur la perte de l’innocence lorsque la vie d’adulte se profile et sur la notion de liberté car c’est finalement durant l’enfance qu’on est véritablement libre, loin des responsabilités. La première de nombreuse nominations aux Oscars pour l’acteur et un premier Golden Globes dans la poche.

© 1988 Twentieth Century Fox

6. « Le Terminal » (2004) de Steven Spielberg :

Dans cette comédie sans prétention du réalisateur, Tom Hanks incarne avec maestria Victor Navorski, voyageur coincé dans un aéroport jusqu’à ce que la situation politique dans son pays où la guerre vient d’éclater soit rétablie.

Humaniser un univers aussi impersonnel qu’un aéroport, voici l’exploit réussi par Spielberg pour sa troisième collaboration avec Hanks. Ce surprenant succès, le film le doit autant à la performance humaniste de l’acteur qu’à l’extraordinaire mise en scène du réalisateur qui étaye un argument a priori chiche, avec un habile dosage d’émotions et des rebondissements en pagaille, souvent très inspirés. 

© 2004 Dreamworks LLC

5. « La Ligne verte » (1999) de Frank Darabont :

Après avoir adapté avec succès « Les évadés » sur grand écran, Franck Darabont s’attaque à nouveau à une œuvre de Stephen King avec « La Ligne verte ». Un nouveau film se déroulant dans l’univers carcéral, bien que différent de son prédécesseur. Il signe un film plus sombre et plus profond avec pour sujet la peine de mort auquel le détenu John Coffey (fantastique Michael Clarke Duncan) doit faire face. Fidèle à lui-même, Tom Hanks est à nouveau époustouflant dans son rôle du gardien en chef Paul Edgecomb, convaincu de la non-culpabilité du condamné.

© 1999 - Warner Brothers

4. « Il faut sauver le soldat Ryan » (1998) de Steven Spielberg :

Première collaboration fructueuse d’une longue série pour les deux hommes avec cette fresque sombre, pessimiste mais humaniste qui dépeint la guerre dans toute son horrible réalité, un sommet de violence réaliste qui n’a encore aujourd’hui pas pris une ride.

Un film mémorable, intense au possible, porté par des comédiens en état de grâce : à commencer par Tom Hanks, formidable dans son rôle du capitaine Miller chargé avec quelques hommes de son unité de retrouver le soldat James Francis Ryan (émouvant Matt Damon), et, s’il est encore en vie, de le ramener sain et sauf afin de le faire rapatrier. « Il faut sauver le soldat Ryan » a connu un énorme succès, au point d’être un des plus gros succès critique et commercial de la carrière du réalisateur de « Jurassic Park ».

© 1998 Paramount Pictures

3. « Seul au monde » (2000) de Robert Zemeckis :

Dans cette œuvre délicate, humble et magnifiquement mise en scène par un Zemeckis au sommet de son art, Tom Hanks nous touche en plein cœur dans son rôle de Robinson des temps modernes. Impossible de ne pas verser une larme devant la détresse de cet homme livré à lui-même, avec pour seul compagnie un ballon de volley renommé « Wilson ». 

Raconter l’histoire d’un homme seul sur une île sur la presque totalité d’un long métrage pouvait s’avérer un pari risqué pour le réalisateur de « Retour vers le futur » et « Bienvenue à Marwen », mais avec cet immense acteur ce n’est rien d’insurmontable, Hanks tient le film sur ses épaules sans broncher, une performance remarquable. Malheureusement celle-ci ne sera récompensé que par un Golden Globes et non un Oscar pourtant amplement mérité.

Photo by Zade Rosenthal - © 2000 - 20th Century Fox and Dreamworks L.L.C

2. « Philadelphia » (1993) de Jonathan Demme :

Après le succès retentissant de son thriller « Le silence des agneaux » sorti en 1991, Jonathan Demme revenait sur le devant de la scène avec un film bien différent mais tout aussi réussi. Avec « Philadelphia », il s’attaque avec réussite à un sujet encore tabou à l’époque : le sida. Le film a marqué toute une génération dans la mesure où il est l’un des premiers à traiter de cette terrible maladie.

Si « Philadelphia » doit en grande partie son succès à la maîtrise et à la justesse de son réalisateur, que dire de la prestation de Tom Hanks ?

Il est absolument remarquable dans la peau d’Andrew Beckett, brillant avocat, qui se voit être renvoyé à cause de la maladie qu’il développe. Qu’il s’agisse de sa transformation physique ou de sa faculté à transmettre ses émotions avec grâce, sa prestation porte le film vers des sommets de sensibilités et de nuances rares. Ce n’est pas une surprise de le voir décrocher son premier Oscar du « meilleur acteur » pour son rôle dans ce film.

© 1995 TriStar Pictures

1. « Forrest Gump » (1994) de Robert Zemeckis :

« Cours Forrest, cours ! », voici trois petits mots bien simples et vides de sens ainsi balancés, et pourtant ils résonnent dans bien des têtes 25 ans après la sortie de cette épopée humaine signée du génial Robert Zemeckis

Forrest, c’est ce bonhomme simple d’esprit dont la candeur et l’innocence offrent une magnifique leçon de vie aux spectateurs. À travers son regard, c’est une bonne partie de l’histoire contemporaine des Etats-Unis qui défilent devant nos yeux avec une certaine poésie. Au centre des attentions, Tom Hanks livre sans conteste la performance la plus mémorable de sa carrière. Il est bouleversant de sincérité dans son interprétation grâce à laquelle son personnage ne peut que provoquer une empathie sincère. 

« La vie, c’est comme une boîte de chocolat : on ne sait jamais sur quoi on va tomber », pas même sur un second Oscar du « meilleur acteur » consécutif, performance rare pour laquelle il fallait bien une prestation cinq étoiles après celle déjà sublime réalisée dans « Philadelphia ». 

© 1994 Paramount Pictures

Acteur au talent hors du commun, Tom Hanks peut se targuer d’avoir pris part à une pléiade de films cultes et d’avoir travaillé pour certains des meilleurs réalisateurs de l’ère moderne avec toujours le même impact grâce à la justesse qui le caractérise. Personnalité incontournable, il ne laisse personne indifférent et laissera à n’en point douter une trace indélébile dans le monde du cinéma.

Lauréat de deux Oscars du « meilleur acteur » reçu deux années de suite et de nombreuses autres récompenses et nominations, il ne se contente pas d’être un immense acteur, il est également producteur et réalisateur à succès, notamment des séries « Band of Brother » et « The Pacific », sans oublier qu’il prête sa voix à Woody dans « Toy Story ».

Une légende du cinéma à n’en point douter.

NB : Pouvaient aussi être cités :

  • « Nuits blanches à Seattle » de Nora Ephron (1993)
  • « Les Sentiers de la perdition » de Sam Mendes (2002)
  • « Da Vinci Code » de Ron Howard (2006)
  • « Cloud Atlas » (2012) de Lilly et Lana Wachowski
  • « Le Pont des espions » de Steven Spielberg (2015)
  • « Sully » de Clint Eastwood (2016)

Damien Monami – Le 11 juillet 2019

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