Stronger
Les attentats qui ont frappé le marathon de Boston en 2013 ont considérablement marqué les esprits. Ce tragique événement avait déjà inspiré le réalisateur Peter Berg avec son film « Traque à Boston » qui relate l’enquête qui a suivi ce double attentat et la recherche des suspects, avec Mark Wahlberg dans le rôle-titre.
Après la traque des terroristes, c’est un autre point de vue de ces évènements qu’a choisi de nous montrer David Gordon Green, celui des victimes. Après des films moyennement apprécié par la critique tels que « Votre Majesté » ou « Our Brand Is Crisis », il revient avec Stronger que l’on peut déjà qualifier comme étant son « film référence ».
Stronger, c’est l’histoire de Jeff Bauman, incarné avec brio par Jake Gyllenhaal, devenu un héros malgré lui. Présent dans la foule pour encourager Erin, son ex-petite amie qu’il cherche à reconquérir, il va perdre ses deux jambes dans l’explosion d’une bombe. Après avoir permis l’identification d’un des deux suspects, Jeff fut au centre de l’attention en devenant un symbole de « résistance » face au terrorisme pour tous les habitants de Boston, un statut de héros dont il se passerait bien.
La force du film réside dans ses antagonismes, notamment entre Jeff qui souhaiterait garder l’anonymat, refusant même de rencontrer l’homme qui l’a sauvé, et sa mère alcoolique qui, face à son échec personnel, se délecte de ce nouveau statut et se projette complètement dans la soudaine exposition médiatique de son fils. Où se situe la notion de héros, telle est la question soulevée par le réalisateur. Interrogation à laquelle il répond avec brio, il souligne ici l’importance d’un héros du quotidien qui permet de fédérer un peuple en crise.
Le gros bémol de Stronger est qu’en se focalisant sur ce statut de héros, il en oublie le plus important. La perte de ses jambes est une terrible épreuve dont on ne se remet pas aisément, les conséquences physiques et psychologiques sont énormes, si même on arrive à s’en remettre, il faut des années pour y arriver. Ici, en regardant certaines scène, on a l’impression que c’est naturel. A part le trouble lié à son nouveau statut et sa difficulté à accepter celui-ci, le reste est occulté et laisse un goût de trop peu.
Sa relation avec sa petite amie Erin, qui est le fil conducteur du film sauve un peu la mise. Interprétée par une Tatiana Maslany, connue pour son rôle dans la série « Orphan Black », qui livre une prestation de très bonne facture, Erin est celle qui permet à Jeff Bauman de surmonter ses doutes et ce malgré le comportement parfois déplorable de ce dernier à son égard, elle est le socle sur lequel repose tout le film.
Quant à Jake Gyllenhaal, il reste fidèle à lui-même, une prestation pleine de maîtrise avec la sensibilité nécessaire à ce genre de rôle et bien que ce ne soit pas sa meilleure prestation, il reste assez convaincant.
Malgré quelques défauts et une réalisation encore perfectible, Stronger est un film de très bonne facture en comparaison des précédents films de son réalisateur, avec un sujet aussi complexe que les attentats terroristes, il est dans la lignée d’un film comme « World Trade Center » d’Oliver Stone en choisissant de s’intéresser aux victimes et aux héros du quotidien avec un casting qui tient plus la route.
Note: 7/10
Damien Monami – 8 février 2018