Vikings
Lancée en 2013 sur History Channel, la série « Vikings », créée par Michael Hirst, suit les aventures d’un groupe de vikings mené par Ragnar Lothbrok, une semi-légende dans la culture scandinave, d’abord simple fermier, qui parvient à gravir les échelons du pouvoir jusqu’à devenir roi grâce à une grande force d’abnégation. La série s’intéresse également avec brio aux différentes conquêtes menées par ce peuple mythique.
Vikings se veut une fresque historique tout en restant attrayante pour les téléspectateurs et, le moins que l’on puisse dire, c’est que Hirst, déjà auteur de quelques séries traitant de sujets historiques (« Les Tudors », « Borgia »), a réussi son pari.
Respect de l’histoire ?
Si la réalisation d’une série historique peut s’avérer hasardeuse et souvent sujette aux critiques les plus acerbes, Michael Hirst parvient à tirer son épingle du jeu. Il dépeint parfaitement la culture viking, jouant sur leur côté guerrier, respectant leurs traditions (religion scandinave, sacrifices, etc.) et les jeux de pouvoirs l’époque.
La seule critique que l’on puisse faire quant à l’aspect historique est que les vikings étaient avant tout des paysans, seule une infime partie d’entre eux étaient des guerriers, mais on ne peut pas lui en vouloir d’avoir favorisé le côté guerrier car, autant le dire clairement, la vie des paysans n’intéresse personne à part les fans de « La petite maison dans la prairie », la série n’en est que plus captivante.
Expéditions et lutte de pouvoir
« Vikings » est axé sur deux thèmes principaux, à savoir les expéditions et la lutte interne pour le pouvoir. En ce qui concerne les expéditions, la série est proche de la réalité historique, Hirst n’a pas eu peur de montrer les guerriers vikings sous leur vrai visage, des barbares sanguinaires n’hésitant massacrer des populations pour inspirer la crainte et arriver à leurs fins, le showrunner joue parfaitement sur l’aspect anti-héro tant on se prend d’affection pour les personnages.
La lutte interne, quant à elle prend plus de temps à s’installer. Durant la première saison, le sujet n’est pas assez fouillé. Il occupe le second plan par rapport aux raids. En témoigne la facilité déconcertante avec laquelle Ragnar parvient à ses fins au terme de celle-ci. Néanmoins, elle devient plus importante par la suite grâce à l’apport de nouveaux rivaux dans l’ascension au pouvoir du personnage interprété par Travis Fimmel.
Rapport aux dieux
On le sais, la culture scandinave de cette époque accordait beaucoup d’importance aux dieux (Odin, Thor, etc.). Cette mythologie est dépeinte à la perfection par le réalisateur, rien n’est occulté : le Valhalla, le paradis nordique pour lequel les viking étaient prêts à mourir, les sacrifices d’animaux ou d’humains ou encore le voyant et ses prophéties.
Autre élément qui nous permet de découvrir plus en profondeur cette culture est de la confronter au christianisme des contrées qu’ils envahissent dans lesquels ils sont considérés comme des païens. Des personnages comme le moine Athelstan ou le roi Ecbert nous permettent d’appréhender cette différence de point de vue avec fluidité.
Des personnages haut en couleur
Le jeux d’acteur est quant à lui impressionnant, Travis Fimmel qui campe le rôle de Ragnar réussit la prouesse d’allier intelligence machiavélique à une certaine mégalomanie de son personnage, accentuées par un regard pénétrant d’un bleu électrique, ce qui le rend charismatique.
Les personnages de la série ont chacun des caractéristiques bien distinctes mais également complémentaires. Lagertha (Katherine Winnick), la femme de Ragnar, est l’égale de son mari, elle ne se contente pas d’être une simple mère au foyer mais s’impose au fil des saisons comme une redoutable guerrière.
Rollo, le frère de Ragnar, est interprété à la perfection par Clive Standenqui arrive à montrer le caractère fort du personnage, mais aussi le tiraillement qu’il éprouve entre sa loyauté envers son frère et la jalousie qu’il lui voue. Autre personnage important, Floki (Gustaf Skarsgård), fidèle bras droit de Ragnar, doté d’une grande intelligence (le constructeur des drakkars) alliée à un brin de folie, qui est sans aucun doute la personnalité la plus complexe de la série.
Assurer sa descendance
Dans une série historique, des choix parfois difficiles s’imposent d’eux-même et « Vikings » n’échappe pas à la règle. A l’instar de « Game of Thrones », des personnages importants de l’intrigue doivent parfois tirer leur révérence prématurément, c’est alors à d’autres personnages de reprendre le flambeau.
Ici, c’est la descendance des héros qui s’impose au fil des saisons comme un second souffle. Les enfants de Ragnar prennent constamment de plus en plus d’importance jusqu’à en devenir les fers de lances de la série. On pense notamment à Bjorn “côtes de fer” qui devient un puissant guerrier ou à Ivar “le désossé”, connu dans l’histoire comme un fin stratège.
Une mise en scène léchée
Une autre force de la série réside dans le réalisme et la beauté des paysages. Malgré un budget inférieur à d’autres séries du même genre, elle n’a rien à leur envier tant le soin particulier apporté aux détails historiques : les costumes, les décors, les accessoires, … paraissent authentiques. Les scènes de batailles, quant à elles, sont très réussies, violentes et bien chorégraphiées, elles plongent clairement le spectateur au coeur de la mêlée.
Enfin, comment ne pas mentionner le générique dans lequel les références à la culture viking sont omniprésentes ? Les mythes, la guerre, la mort, le sexe y sont évoqués comme dans l’intrigue, le tout est accompagné d’une musique envoûtante, « If I had a heart » du groupe suédois Fever Ray, qui convient parfaitement à l’univers de la série.
Verdict :
Si à ses débuts « Vikings » était souvent considéré (à tort) comme un petit frère de « Game of Thrones » sans le côté fantastique, elle a réussi au fil des saisons à s’émanciper de cette comparaison pour s’imposer comme une des meilleures séries de la décennie en cours. Vikings est une série épique portée par un casting de haut vol, rien n’est oublié de la culture scandinave encore méconnue. Avec une trame bien huilée, tous les enjeux, qu’ils soient politiques, territoriaux ou spirituels sont évoqués avec justesse. Une fresque qui vaut la peine d’être vue pour les adeptes du genre et pour tous les “sériephiles” avides d’aventures.
Note: 8/10
Damien Monami- 24 février 2018